2 - Decay (DK) - Towards Karioth

Contrée Aride (Enfer Jaune)

 L’air résonnait encore du récent emprisonnement de Tarkan, un des leaders incontestés de la tribu des Kelahiran. Drexla Lawghs, originaire de cette contrée même, était donc officiellement la quatrième prison du royaume de Decay et dans cet enfer aride, elle serait crainte à plus d’un titre. Les quatre sœurs, réparties chacune dans des contrées aussi diverses qu’hostiles étaient donc maintenant au complet pour engendrer leurs sentences et ainsi faire régner la loi en y emprisonnant via leur esprit quiconque oserait défier le royaume et Manaka.

La région chaude et brûlante était parsemée de dunes, hautes mais avec cette particularité qu’elles pouvaient se mouvoir … le sable ici était l’élément dominant et lui-même évoluait sans arrêt … Structurant des édifices sableux monumentaux comme des creux béants, la contrée au demeurant morte était pourtant bel et bien vivante mais tout cela s’animait de façon anarchique, comme la façon dont les Kelahiran envisageait la nouvelle vis-à-vis de Tarkan.

Dans l’antique refuge où se trouvait une assemblée de personnes à la peau craquelée, rongée par le soleil, régnait une ambiance lourde, pesante. La hiérarchie Kelahiran était dorénavant bouleversée. Tarkan s’était targué de pouvoir renverser la situation bien qu’elle fut d’emblée suicidaire mais personne, ici en ce bas monde, n’avait conscience réellement du pouvoir que représentait Manaka. Le patriarche du clan, une espèce d’homme caverneux ruisselant de sable émanant de sa peau-même, se leva difficilement tout en se tenant à un énorme pommeau de bois sec,  une massue gigantesque en réalité. L’imposant homme fit s’accroupir toutes les personnes présentes, un profond respect subsistait depuis toujours envers l’ancêtre qui était un des pères de Drexla Lawghs, tout comme Tarkan Drylmore.

-« Drexla est devenue une plaie pour le peuple Kelahiran et elle devra accomplir sa tâche, seule. J’avais prévenu Tarkan que la tâche serait ardue … impossible … la déesse est intouchable dans son repaire et nous allons devoir subir la présence de la quatrième prison pour l’éternité dorénavant … »

-« Il en est hors de question … » Un des sbires du patriarche se leva pour prendre la parole. Des regards se levèrent dans l’assistance.

-« Baldaar … » susurra l’ancêtre

-« Grand Kelahir, je m’insurge ! » éructa t-il. Sur ces mots, plusieurs amoncèlements de sable firent leurs apparitions sous forme d’entité malveillantes pour finalement prendre la silhouette distinctes de soldats, au service du clan, les gardiens.

Baldaar était un des bras-droits du patriarche et réputé pour son franc parler, mais également pour son art : le meurtre.

-« Tu oses bafouer cet endroit, celui où repose ton père et ta mère Baldaar ? Nous savons pertinemment que Manaka reste celle qui arrangue le royaume de Decay, et nous nous plions à sa volonté même si la contrée reste sous l’emprise de notre clan. Alors, je sais, Tarkan tout comme toi êtes des fidèles et cela m’honore ainsi que les ancêtres de la matrice Kelahiran … Mais moi également j’ai perdu un être cher … Tahimaney était la dernière du clan à pouvoir engendrer notre progénitures et Manaka a purement et simplement contrôlé Tahimaney pour pouvoir obtenir les 4 prison »s.

L’honneur des Kelahiran était en jeu et Baldaar soumit à l’assistance ainsi qu’au patriarche un plan.

-« Si nous ne pouvons accéder aux tables de loi Manaka, c’est elle qui viendra à nous » sussurra Baldaar. … décision prise …  des troupes se mirent en branle.

A quelques kilomètres de là, le soleil omniprésent, intense, reflétait sur la cuirasse d’acier qu’était un prototype de moto roulant à pleine vitesse.

Au guidon se tenait un homme, musculeux, entièrement recouvert d’un cuir épais. Dans ce vaste espace aride, un véhicule de ce type avait tout d’une hallucination mais il n’en était rien. Mark Baddler était de ceux qui étaient activement recherché par les troupes des Black Widows de la contrée Aride.

A vue de nez, il estimait pouvoir arriver avec un peu de chance à Karioth, chef-lieu de la contrée Aride, avant que ses poursuivants ne le rattrapent. Le stress accumulé par ce qu’il avait osé commettre l’avait boosté pour arriver le plus vite possible là où son commanditaire l’attendait, à Karioth même. Il poussa les gaz de l’engin qui propulsa des gerbes de sables avant de filer droit vers le poste de contrôle, péage d’une entrée annexe au sein de la ville. Mark déglutît, enclencha son visio-zoom intégré sur le poste de contrôle de la moto.

« Chier … » … Un comité d’accueil l’attendait, comme il le craignait. Arrivant comme une balle vers son objectif, la moto passa aux travers des intercepteurs d’entrée … Là où se trouvait le comité de 5 personnes, le sol sableux se mouvait pour prendre la forme d’une entrée monumentale, archaïque et sculpturale. La définition même de l’enfer jaune … l’entrée de Karioth donnait l’accès à un macrocosme sous terrain gigantesque dans toute la contrée. Se livrait donc un lutte anarchique et éternelle entre autorités officielles émanant de Manaka et autres groupuscules ou tribus affranchi(e)s de l’influence de la déesse gothique.

A sa grande surprise, Mark s’aperçut qu’il s’agissait de 5 membres Kelahiran … il s’attendait pourtant à autre chose, mais force était de constater que la tribu dominante faisait acte de présence partout dans la contrée, en tout cas aux points de sorties et d’entrées de Karioth depuis l’arrivée de la quatrième prison tant redoutée.

Un rictus au coin des lèvres et la ligne de mire droit devant lui, Mark lâcha le guidon, dégaina ses 2 sabres  des fourreaux ajustés à la cuirasse de la moto, se redressa tout en tenant fermement les sabres pour les laisser finalement disparaître lentement dans le sable, puis Mark attendit son arrivée, penché contre le guidon et prêt à agir.

Karioth et sa vie autarcique, Baldaar la connaissait comme sa poche. L’homme déambulait dans les rues, pensif à l’idée du plan qu’il avait manigancé.

Les superlatifs ne manquaient pas pour qualifier Karioth de ville dantesque sous terraine, sous le joug de Manaka comme bon nombre de cités importantes dans le royaume de Decay.

Il avait grandi ici alors que ses parents, sa mère plus exactement était native de l’antique tribu Kelahiran … Confronté à deux mode de vie différents, son père avait tout de même réussi à imposer sa vision des choses. Baldaar se devait de connaître Karioth, d’y vivre … l’avenir s’y trouvait même s’il devait, du plus profond de son être, être Kelahiran jusqu’au bout des ongles. Karioth était donc devenu le terrain de chasse privilégié de Baldaar, passé maître en la matière en ce qui concernant le meurtre sous toutes ces formes.

Manaka avait tout simplement banni les armes mécaniques, chimiques … bien trop destructrices … les hommes dans leurs grandes majorités n’avaient que trop usé et abusé de ces dernières, à des fins morbides et peu scrupuleuses.

Baldaar avait rendez-vous dans ce qu’il appelait un « Junktion », endroit malsain et de passage où l’on se croisait, discutait parfois pour boire un verre, juste de quoi échanger des mots, des artefacts ou autres produits illicites.

Sur fond de représentations créatives et étranges de créatures à la solde du tenancier du lieu, Targall, Baldaar se faufila entre les tables bondées pour se diriger vers un personnage situé au fond du lieu, fumant seul. L’homme imposant aux cheveux noir luisant et long portait également des lunettes véritablement ancrée dans ses orbites. Une protubérance bionique se tenait en lieu et place du nez du personnage étrange, attendant son invité.

« Shane Fillmore je présume ? » fit Baldaar en s’asseyant

« Lui-même … » fit l’homme, nerveux. « Les forces de sécurité sont omniprésentes, dépêchons-nous »

« Mes hommes couvrent le lieu, pas de panique » entonna Baldaar qui se retrouva brutalement dans un bruit sourd le visage écrasé contre la table !

La poigne ferme, Shane Fillmore expulsa la fumée de ses narines robotisées, s’approcha doucement de Baldaar puis lui susurra « Aucune, je dis bien aucune personne ne me parle sur ce ton, Kelahiran … Je viens en droite ligne de l’enfer vert pour vous proposer mes services dans cette ville de merde… et j’ai comme l’impression que tu ne connais pas bien les codes de conduite … l’ami … »

Shane Fillmore chercha rapidement sur lui-même quelque chose puis posa brutalement un sachet devant les yeux de Baldaar, agacé.

« Voilà ta marchandise ! comme convenu … mais je te préviens c’est du lourd » fit Shane

« Ok … puttaaaiinnnn ! Lâchez-moi !» Baldaar brandit son couteau et le planta net dans le poignet de Shane Fillmore sur la table ! « Tarkan est emprisonné, c’est bien que ce que vous vouliez non en échange ?! » vociféra Baldaar, les yeux injectés de sang, l’écume aux lèvres …

Shane Fillmore ne broncha pas, fixa Baldaar puis se mit à sourire avant d’enlever le couteau, le sang pissait sur la table … « C’est bien ce que tu souhaitais également non ? … » fit Shane.

Aussi vite que les lames tranchèrent dans les chairs, avec la vitesse de l’engin, Mark Baddler fit un carnage avant de pénétrer dans les méandres des rues bondées de Karioth. Déguerpir en vitesse, encore une fois … avant qu’on ne le retrouve. Aux aguets, Mark slaloma entre les marchands et autres carrioles avant de prendre dès que possible une ruelle qu’il avait repéré pour se débarrasser de sa moto. Il était déjà dans la gueule du loup, et la moto ne ferait qu’empirer sa situation ici … Karioth restait malgré tout une ville ancrée dans un conservatisme radical vis-à-vis du discours de Manaka … aucun, voire très peu d’engins motorisés circulaient dans la ville même. Deux hommes encapuchonnés l’interpellèrent soudain, Mark se retourna vivement !

Son commanditaire était clair : des hommes seraient chargé de lui filer de quoi se camoufler et de l’amener sur le lieu prévu pour l’échange.

Un grondement tonitruant se fit entendre à proximité et l’instant qui suivit fut un spectacle hallucinant : une armada de Black Widows déboula dans les rues adjacentes pour procéder à ce qui semblait être une chasse à l’homme. Des cris retentirent … Manaka avait agi en conséquence … l’ordre de tuer celui qui avait infiltré le « Bunker », endroit stratégique indétectable et introuvable en contrée aride normalement … 

Dépenaillé de ses fringues en cuir, Mark enfila sa tunique puis se retourna pour planquer ses sabres avec la moto sous une bâche, elle-même recouverte de déchets et autres débris trouvés dans la ruelle. Il avait toujours sur lui « l’artefact » convoité.

Un massacre collectif avait lieu non loin, à en juger par la violence des interventions … Mark eut simplement le temps d’entendre l’injonction conjointe de deux Black Widows, avant qu’elles ne laminent les deux hommes en les égorgeant comme des porcs … « Ce n’est pas lui … » firent les commandos soldats de Manaka

« Toi ! Retournes toi immédiatement ! » fit l’une d’entre elle.

L’autre sortit une lame ensanglantée, puis sans broncher arriva prête à tuer immédiatement s’il s’avérait que cette personne était ou non celles que toutes recherchaient désormais ici, à Karioth …